Le montage d'un documentaire


Cet article propose de revenir sur quelques notions théoriques du montage : le montage comme écriture, l'utilisation du son et la déontologie du monteur-réalisateur.

En montage, deux aspects, techniques et narratifs entrent en jeu. La technique est au service du sens : traditionnellement, il faut qu’elle soit la plus discrète possible (on évite les jump cut (= les sautes) par exemple). Mais elle peut aussi être volontairement visible pour créer des effets, rompre l’illusion cinématographique (cf les films de Godard).

 

I- Une écriture :

 

Le montage est une véritable écriture : on va assembler des images et des sons selon un rythme, pour provoquer du sens.

 

Les associations d’images créent un sens : le spectateur interprète, fait des déductions. On pense à l’exemple célèbre de l’expérience de Kouletchov :

http://www.youtube.com/watch?v=rIu0XglXfzw&playnext=1&list=PL54CE0D3F77DAEFEE

ou http://www.youtube.com/watch?v=ruoPT9JeYHA

 

Comme en littérature, différents types de figures existent. 

 

-         montage cut : passage d’un plan à un autre sans effet de liaison. C’est le type de montage le plus courant, et le plus « digeste » 

 

-         montage parallèle : juxtaposition de deux actions simultanées (il est plutôt utilisé en fiction mais peut avoir son sens en documentaire)

 

Les respirations, les silences sont importants à conserver. Ils vont permettre au spectateur de se laisser emporter par l’histoire, de laisser son esprit vagabonder…

 

II- Le son :

 

La bande sonore est constituée de différents types de son. On va s’attacher ici aux sons off (dont la source n’est ni visible dans le champ, ni dans le hors-champ) ajoutés au montage pour donner du sens : la musique et la voix off.

 

1-     La musique :

 

Musique de « fosse » (ajoutée) : le choix d’une musique n’est pas neutre : le style va être interprété, les paroles aussi… toujours se demander pourquoi on la choisit.

 

La musique peut créer une respiration dans le film. Elle peut aussi accentuer la dramaturgie, créer du rythme.

 

Attention : la musique est soumise au droit d’auteur. On peut utiliser les quelques premières secondes gratuitement (cf le site de la Sacem)

 

Il existe quelques sites de musique libre de droit (mais il faut bien sûr créditer les auteurs au générique, et se renseigner sur la licence sous laquelle ils sont protégés)

Quelques liens : site framasoft -> framazic

 

Il existe aussi des musiques tombées dans le domaine public, dont les auteurs, morts depuis plus de 70 ans, ne perçoivent plus de droits d’auteurs et dont les interprètes ont renoncé à une rémunération. (http://www.sacem.fr/cms/home/createurs-editeurs/oeuvres-domaine-public/duree-protection-oeuvres;jsessionid=3CCCB04EB012DCC4C616463EC82C1215)

 

Un conseil : même pour le plaisir le temps du montage, ne pas monter avec une musique très chère, à laquelle on va s’attacher et que l’on aura du mal à abandonner !

 

Remarque : de la musique « in » / « de scène » enregistrée au tournage peut se révéler utile au montage (ex : une radio, une personne qui joue de la musique à l’image…). Attention également au droit d’auteur.

 

2-     La voix-off, le commentaire

 

Une voix-off peut accompagner la narration du film. Se demander si c’est une voix qui dit « je » ou bien s’il s’agit d’une voix plus distante, qui donne des informations.

 

Décider assez vite (souvent, avant même de tourner !) si une voix off sera présente : l’ajouter par défaut, parce qu’il manque des images ou des informations peut-être risqué.

 

Réfléchir également à quel moment la faire intervenir : à des moments clés du film (début, fin…). Attention à ce qu’elle ne soit pas omniprésente, et qu’elle ne répète pas ce que l’on voit à l’image.

 

Un commentaire ou une voix-off sur une image ne sont jamais neutre. A ce sujet : voir la célèbre séquence sur Irkoutsk du film Lettre de Sibérie de Chris Marker (lien)

 

De plus, l’intonation, le timbre vont également être porteurs de leur sens… Proposer à un comédien de l’enregistrer, il saura poser sa voix. Il n’est pas conseillé d’enregistrer sa propre voix, c’est dur de s’entendre objectivement !

 

3-     Les sons d'ambiance

 

On peut utiliser les quelques sons d’ambiance enregistrés séparément au tournage pour donner plus de « corps » à la bande sonore.

 

 

III - Déontologie du monteur/ réalisateur

 

Le monteur / réalisateur ont un grand pouvoir. Ils se doivent de ne pas trahir la parole des personnes filmées qui ont donné leur confiance et leur accord.

 

Pour cela, quelques conseils et obligations :

-         couper le moins possible à l’intérieur des phrases.

-     faire voir le film aux personnages principaux avant la diffusion. Prendre le temps d’en discuter avec eux, leur donner une copie du DVD. (Mais, à l’inverse, attention aussi à ne pas faire le film en fonction de leurs demandes!)

-         faire signer les autorisations de tournage et de droit à l’image.